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Déçue par les services de ma psy !

Au moment où j’ai fait un épuisement professionnel, j’ai ressenti le besoin de me faire aider par une professionnelle en psychologie. J’ai donc magasiné du mieux que j’ai pu, et cela n’a pas été tâche facile lors de cette période pandémique, étant donné la pénurie de professionnels en relation d’aide qui perdure encore en ce moment même. J’ai finalement trouvé une jeune psychologue dont le bureau était situé pas très loin de chez moi. Laissez-moi vous dire que j’ai été très déçue des services que j’ai reçu et je vais vous expliquer pourquoi.


Malgré le fait qu’elle était très sympathique, sa façon d’écouter le patient ne m’a pas laissé l’impression qu’on a donné place à mon vécu, mon ressenti, mon histoire. Le besoin de la jeune professionnelle de s’exprimer a pris beaucoup trop de place pour que je me sente suffisamment accueillie, déposée, respectée, écoutée. Même que parfois, j’aurais eu envie de lui dire : «Tais-toi s’il te plaît car je te paie pour que tu m’écoute, pas pour entendre tes réflexions, opinions, etc...» Je me sentais frustrée après chacune des rencontres car j’avais l’impression de courir après ses silences pour pouvoir m’exprimer. Je me sentais stressée à l’intérieur de la dite relation d’aide, pendant chacune des séances, en regard des tout petits bouts de récits de mon vécu qu’il me restait.


Également, j’avais l’impression qu’elle était un peu éloignée des techniques d’interventions, d’écoute que moi-même je connais trop bien et que je maîtrise en regard de mon expérience professionnelle en tant que conseillère d’orientation et d’intervenante psychosociale. J’ai donc trouvé cette expérience doublement irritante et décevante.


Vous allez peut-être me dire que j’aurais du lui dire ! Peut-être... Mais j’ai préféré à ce moment cesser mes séances avec elle et laisser la vie lui enseigner l’importance de demeurer collée aux techniques d’intervention apprises au sein de la formation et aux compétences relationnelles nécessaires à la relation d’aide. Mon rôle ici n’était pas de lui apprendre cela et je n’avais sincèrement pas la force à ce moment d’effectuer une confrontation constructive avec ma psychologue... Est-ce que la voie de la bienveillance aurait été de lui dire comment je me sentais en tant que patiente face à son écoute défaillante ou ais-je bien fait de laisser la vie s’occuper des compétences relationnelles de cette jeune professionnelle sympathique mais manquant certainement de conscience et de pratique ? J’ai toujours été le type d’aidante à aimer apprendre de la relation d’aide elle-même et j’aurais certainement préférée que le client m’exprime son ressenti face à ma façon d’être avec lui. Mais encore une fois, je me suis écoutée dans mes besoin du moment et je me sens ok aujourd’hui avec cela.


Au fil du temps, j’en suis arrivée à cette réflexion : Je me sens actuellement vraiment mieux écoutée, accueillie, respectée et aidée par mes ex-collègues conseillères d’orientation avec lesquelles je fais toujours partie d’un groupe de codéveloppement professionnel ! Selon moi, cela est lié à ces éléments importants, voir essentiels à considérer dans le choix d’un bon professionnel en relation d’aide : le niveau de conscience existentielle, de sensibilité face à la souffrance de l’autre ET la maîtrise des techniques d’interventions liées aux compétences relationnelles devant absolument être présentes chez un bon aidant.


Comment pouvons-nous posséder ces compétences relationnelles nécessaires à une relation d’aide dont l’empathie, la présence, l’écoute, le respect, l’authenticité, la spécificité, la capacité à la confrontation constructive, l’immédiateté et l’ouverture à l’autre ? Pour ma part, je ne crois pas que tous les étudiants en psychologie, en travail social, en orientation de carrière ou en d’autres disciplines en relation d’aide les possèdent seulement en décrochant un diplôme. Par ailleurs, lors de mes cours de maîtrise en counseling de groupe où les futurs conseillers d’orientation sont invités à expérimenter le rôle de client en groupe, j’ai pu observer la différence de maturité et d’intelligence émotionnelle de mes collègues de classe. Par ailleurs, j’étais l’une des plus vieilles de ma cohorte---aillant fait un retour aux études après une carrière d’intervenante psychosociale et il faut le dire, également de maman. À certain moments de ma formation en orientation je me suis dit face à certains jeunes collègues de classe : « Mon Dieu ! Leurs pauvres futurs clients ! ». À un certain moment de cette formation, j’ai osé m’exprimer en groupe sur le sujet et j’ai même été applaudie pour mon partage par la classe et même le prof. Moment de gloire que j’aime partager 😊. Ça fait du bien !


Bref, tous ça pour vous expliquer qu’un professionnel en relation d’aide a une histoire de vie, un vécu unique, des expériences de souffrance, des blessures humaines et certains dysfonctionnement dans sa façon d’être en relation avec lui-même et avec les autres. Et le plus important, c’est que nous n’arrivons pas tous du même milieu familial, avec la même santé, les même ressources, le même bien-être, la même disposition à recevoir l’autre... Certains être humains par contre ont été blessés, brisés et ces périodes d’enfer ont été génératrices d’apprentissages précieux. Ce sont des guerriers qui ont appris la résilience et le vrai mode d’emploi humain. Ces êtres humains deviennent souvent de très bon aidants. C’est lorsque les blessures et les dysfonctionnements relationnels d’un professionnel en relation d’aide prennent trop de place dans la relation que la qualité du service devient compromise.


Pour ma part, je fais partie des aidants qui n’ont pas eu la vie facile car je suis née dans un milieu non nourrissant, difficile, dysfonctionnel et violent. Je suis un enfant de la DPJ et j’ai subi de la violence conjugale à un certain époque de ma vie. J’ai à mon actif plusieurs années de travail sur moi-même, de cheminement, de thérapie. Je poursuis par ailleurs mon processus de guérison telle une vétérante. Je suis donc beaucoup plus consciente, éveillée, empathique et sensible que d’autres humains. Je ne perçois certainement pas la souffrance et les besoins de l’aidé de la même façon qu’une personne qui l’a toujours eu facile. Désolée d’être tranchante sur le sujet mais je crois que c’est un fait réel. Je considère cela comme un précieux cadeau de l’univers que j’ai reçu en compensation.


J’éprouve également de la gratitude envers la vie car j’ai la chance d’avoir dans mon bassin de ressources des collègues conseillères d’orientation et d’anciens professeurs mentors en or possédant à la base une belle maturité, une belle intelligence émotionnelle ainsi qu’une formation et des outils solides en relation d’aide. Je n’hésite pas à les utiliser lorsque j’ai besoin de soutien, de me confier, de faire le point, de pistes de réflexion. J’ai quitté cette belle profession par choix mais je ressens également de la gratitude quant au fait de repartir avec toutes ces belles compétences et transférables à mes nouveaux services.


La leçon à tirer de tout ça pour moi est qu’un diplôme et un permis de pratique ne sont pas les deux seuls ingrédients pour faire lever le gâteau d’une relation d’aide efficace et satisfaisante pour l’aidé !

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